Dans un contexte de vieillissement de la population active, de raréfaction de la main-d’œuvre qualifiée et de compétitivité accrue entre les organisations, les entreprises se doivent d’être innovantes dans leur stratégie d’attractivité et de rétention des employés, notamment pour ceux nés après 1990 et connus pour leur fort intérêt envers les enjeux environnementaux et sociétaux. Une enquête réalisée au Québec par KPMG [1] révélait d’ailleurs en 2022 que 72 % des répondants considèrent une organisation comme un employeur de choix lorsqu’elle prend position sur un enjeu de société qui les touche et qui s’accorde avec leurs valeurs. En 2021, une enquête auprès des Canadiens révélait que 51 % des sondés étaient influencés par la démarche en développement durable d’une entreprise quand il s’agissait de postuler dans cette organisation [2]. Cette attractivité se transforme en fidélisation lorsque leur organisation fait preuve d’une grande implication et d’une prise de position affirmée pour les causes qui les rejoignent.
Pour approfondir le sujet, il est possible de prendre connaissance d’un webinaire spécifique qui s’est tenu le 13 septembre dernier. Nous vous présentons ici quelques conclusions d’un portrait sur les aspirations de la main-d’œuvre au Québec qui met en lumière le levier du développement durable.[3] [4] Vous aurez l'occasion d'entendre le parcours d'une entrepreneure de la région, Émilie Gaudreault, co-propriétaire de l'entreprise Les délices du Lac-Saint-Jean. Cette entreprise a décidé d'intégrer les principes du développement durable pour amener la culture du bleuet à un autre niveau au travers d’un cheminement unique et inspirant.
Sans surprise, l’obtention de meilleures conditions de travail (salaires et avantages sociaux) fait partie des facteurs déterminants d’attraction, de rétention et de mobilité pour 78 % de la main-d’œuvre. Ce critère est particulièrement important pour la génération Z, alors que 96 % des jeunes âgés de 15 à 17 ans en ont fait mention. Un autre élément incontournable est le développement des compétences en continu, alors que près du tiers des employés n’y aurait pas accès.
Ce rapport met également en évidence l'importance accordée par les employés aux éléments suivants : la responsabilité sociale de l'employeur (pour 85 % des personnes interrogées), son bilan éthique (82 %), son bilan environnemental (71 %) et sa gestion de la diversité (71 %).
Concernant la génération montante des 15 à 17 ans, leur aspiration est de travailler dans un environnement qui est en harmonie avec la protection de l'environnement. Les attentes des jeunes millénariaux vont toutes dans la même direction : 98 % d'entre eux souhaitent vivre en accord avec leurs valeurs et 91 % désirent protéger l'environnement. À la lecture de ces statistiques, la mise en œuvre d’actions concrètes liées au développement durable dans les entreprises ressort de plus en plus clairement comme étant bénéfiques pour favoriser l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre.
Le développement durable, comme approche de gestion, implique de mettre de l’avant des solutions d’affaires qui ont des retombées bénéfiques autant sur les travailleurs, que sur la collectivité et l’environnement. Cet engagement des entreprises est au cœur des préoccupations de la main-d’œuvre d’aujourd’hui. Il est d’ailleurs démontré que les diplômés étaient prêts à accepter une baisse de salaire significative pour travailler dans une entreprise socialement responsable.
L’Ordre des conseillers en ressources humaines agréées confirme également que lorsque les organisations s’engagent dans une démarche de développement durable, cela favorise la mobilisation des employés et le développement d’un sentiment d’appartenance, réduisant indirectement le taux de roulement et les coûts de remplacement de la main-d’œuvre. En somme, les sondages révèlent que l'adoption d'une démarche de développement durable est l'une des voies à suivre pour les employeurs. Il est important de noter que cette approche ne doit pas exclure le nouveau groupe d'employés "seniors" qui partagent également ces valeurs et cherchent à faire une différence pour les générations futures.
La situation des employés seniors est également un aspect important à considérer. Ces employés, qui font partie de la génération plus âgée sur le marché du travail, sont de plus en plus conscients des enjeux liés à la responsabilité sociale et environnementale. Ils sont motivés à adopter des pratiques durables et à contribuer positivement à la société. Leur expérience et leur expertise peuvent être précieuses pour les entreprises qui cherchent à mettre en place des initiatives de développement durable.
En conclusion, les démarches de développement durable offrent une occasion pour les employeurs de se démarquer auprès de la main-d'œuvre, tant auprès des jeunes talents que des employés seniors. En intégrant les valeurs de durabilité et de responsabilité sociale, les entreprises peuvent créer un environnement de travail attractif et engagé pour toutes les générations. Cependant, il est crucial de faire preuve de prudence et d'éviter toute forme de représentation trompeuse ou d’écoblanchiment lors de la description des activités de l'entreprise. Autrement, de telles pratiques pourraient engendrer davantage de déception que de mobilisation parmi les employés.
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[1] Enquête sur l’intégration du développement durable au sein des entreprises québécoises publié par KPMG en 2022 : Focus Québec 2025 : Réalisons-le
[2]
https://www.capterra.ca/blog/2229/sustainability-in-canada-consumers
[3] Ce document a été réalisé en 2019 pour la Commission des partenaires du marché du travail du Québec. Il découle d’une vaste consultation qui offre un regard éclairé sur les enjeux de la main-d’œuvre au Québec. Pas moins de 6 290 Québécois, 502 gestionnaires d’entreprises et 500 jeunes âgés de 15 et 17 ans ont ainsi été consultés pour mieux comprendre leurs préoccupations face au marché du travail.
[4] La Commission des partenaires du marché du travail est une instance nationale de concertation qui contribue à l’élaboration des politiques et mesures gouvernementales dans les domaines de la main-d’œuvre et de l’emploi. Elle réunit des représentants des employeurs, de la main-d’œuvre, du milieu de l’enseignement, des organismes communautaires et de certains ministères à vocation économique et sociale. Source :
https://pratiquesrh.com/