Travailler dans un secteur d’activités parmi les plus polluants n’est pas une mince affaire. Sa matière principale, le textile, pollue et se retrouve généralement dans les sites d’enfouissement. Pour le consommateur, il demeure difficile de mesurer l’impact du vêtement qu’il achète et de décoder les informations qui relèvent parfois de l’écoblanchiment, et d’autres fois de l’écoresponsabilité.
Dans ce contexte, certains commerces ont décidé d’agir et de réfléchir au développement de la mode dans une perspective de durabilité. Il en va ainsi pour Mode Choc, une enseigne vestimentaire québécoise qui rayonne jusqu’au Nouveau-Brunswick. Mode Choc poursuit une démarche amorcée il y a quelques années d’intégration des principes de développement durable à sa stratégie d’affaires et ce, à tous les niveaux de l’organisation. Le souci d’offrir des produits accessibles et issus du commerce responsable fut la bougie d’allumage de l’organisation qui influence, depuis, les choix et les décisions au quotidien.
La concertation au service de l’environnement et de la rentabilité
C’est en 2012 que Mode Choc amorce sa réflexion sur l’empreinte écologique liée à la fabrication de vêtements. Les gestionnaires partent à la recherche d’un fournisseur capable de produire un coton biologique, générateur de plusieurs bénéfices. Depuis 2020, près de 10 % de leurs collections sont conçues en utilisant un coton certifié Global Organic Textile Standard; une certification qui assure un respect des critères environnementaux et sociaux tout au long de la chaîne de production et d’approvisionnement.
« Coûts de l’opération? Presque nul! » nous dit Isabelle Hudon, coordonnatrice à l’amélioration continue. Elle poursuit : « Il s’agit d’une gamme de produits accessibles à notre marché, avec des prix à peine plus élevés que si nous le produisions non bio. Le seul inconvénient, ce sont les délais d’approvisionnement un peu plus longs. Bien que l’engouement commence à se faire sentir auprès de notre clientèle, elle nous permet de passer un message, celui de l’importance que nous accordons à réduire cette fameuse empreinte écologique et à améliorer le cycle de vie de nos produits ».
En 2019, ce virage vers un développement durable s’accentue grâce à la mise en place d’un comité de quinze éco-ambassadeurs et ambassadrices. Ce comité est composé du personnel des succursales de Mode Choc et de la direction de l’entreprise. Il permet ainsi de cibler une série de mesures liées à l’utilisation responsable des ressources internes, au bien-être et à la vie sociale.
Un principe : réduire, réutiliser, recycler
Le plan environnemental concocté par ces éco-ambassadeurs et ambassadrices couvre trois grands principes de la gestion des matières résiduelles : réduire, réutiliser et recycler. De la réduction des emballages, à la réutilisation de divers contenants, en passant par l’amélioration des étiquettes, rien n’est laissé au hasard. Dans certains cas, des choix de design sont faits pour remplacer les œillets en métal par des ouvertures brodées afin de faciliter le recyclage. Mode Choc lance aussi une campagne « Ici j’apporte mon sac » qui permet de réduire de moitié l’utilisation des sacs de plastique en magasin. Enfin, les vêtements endommagés ne se retrouvent plus dans les bacs à ordures puisqu’ils sont plutôt réparés ou offerts en don à des organismes.
Réduire ses émissions de GES
Mode Choc a également remis plus de 100 000 $ en 4 ans en compensation carbone à une organisation spécialisée, avec laquelle elle collabore depuis 2014. Jessika Roussy, copropriétaire et codirectrice générale de Mode Choc, rappelle que diminuer ses émissions de GES reste la pratique la plus durable. Selon elle, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par des spécialistes dans la réalisation de son diagnostic et de son plan d’action de développement durable.
Un volet social au cœur de la stratégie d’affaires
Dans la stratégie d’affaires de Mode Choc, le volet social du développement durable s’exprime également dans la volonté d’entretenir une relation de proximité avec les membres du personnel et les fournisseurs. Elle se traduit de différentes façons à travers le modèle de gouvernance, en faisant notamment une grande place à la relève et à la formation continue. Malgré le fait que les manufacturiers du textile soient situés principalement outre-mer, on retrouve chez Mode Choc bon nombre de modèles confectionnés au Canada.
« Développer des relations de proximité, c’est aussi développer une relation de confiance et mieux comprendre la réalité des gens avec qui nous travaillons. Nous croyons qu’elle est essentielle pour atteindre nos objectifs qui consistent à s’adapter au marché de demain, en se donnant comme défi d’être un agent de changement tout en desservant une clientèle de masse », conclut Alexandra Harvey, designer en chef.
Crédit photo : Émilie Hébert